Présentation

Traditionnellement, le milieu des Environnements Informatique d’Apprentissage Humain (EIAH) a globalement milité pour, ou tout du moins espéré, une plus large diffusion des technologies éducatives dans la société, que ce soit au niveau de la classe, du lieu de travail ou de l’apprentissage à la maison. Cependant, la question climatique, devenue petit à petit l’urgence climatique, amène à repenser cette incursion du numérique dans l’apprentissage, quand on sait l’impact environnemental du numérique aujourd’hui, et très probablement demain.

La réalité du réchauffement climatique et plus généralement de la crise environnementale qui menace la vie sur terre n’est plus remise en question aujourd’hui. On a tendance, face à cette crise, à considérer le numérique comme une solution, ou tout du moins une aide. Pour atténuer cette crise, on parle parfois de numérique éco-responsable, “green IT”, etc. Pourtant, le numérique est avant tout une partie du problème, quand on sait que, pour citer le chiffre le plus connu, il représente près de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que l’aviation civile. Ainsi, la question de la sobriété, dont on a tant parlé suite à la crise énergétique, s’applique aussi au numérique, on parlera de sobriété numérique. Cette sobriété numérique est d’autant plus inévitable quand on sait que le poids écologique du numérique ne cesse de croître, par le développement continu des équipements et des services, par la complexification croissante de ces équipements, par la raréfactions des matériaux et l’augmentation du coût écologique (et social) de leur extraction.

Dans ce contexte, bon nombre de recherches en informatique, en ce qu’elles se projettent dans un futur qui en adopterait le fruit, semblent devoir inévitablement prendre en compte le contexte environnemental qui se dessine. Il en va de même pour les EIAH : comment y intégrer les contraintes de sobriété numérique? Si de manière globale, des chercheurs en informatique commencent à aborder cette question, notamment les chercheurs anglo-saxons (voir par exemple le workshop “Computing within limits”, ainsi que les approches d’éco-conception logicielle), il existe à notre connaissance très peu de travaux abordant la sobriété numérique dans le cadre des technologies numériques pour l’éducation. L’enjeu est pourtant important, tant la question de l’éducation et de la formation, et celle de leur numérisation, cristallisent espoirs et craintes dans nos sociétés.

 

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