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Vers la sobriété numérique dans les EIAH

Ateliers de la conférence EIAH 2023

Contexte

Traditionnellement, le milieu des EIAH a globalement milité pour, ou tout du moins espéré, une plus large diffusion des technologies éducatives dans la société, que ce soit au niveau de la classe, du lieu de travail ou de l’apprentissage à la maison.
Cependant, la question climatique, devenue petit à petit l’urgence climatique, amène à repenser cette incursion du numérique dans l’apprentissage, quand on sait l’impact environnemental du numérique aujourd’hui, et très probablement demain.
Face à cette question «brûlante», un atelier à la conférence EIAH s’impose, un double atelier même, pour aborder la question selon ses multiples facettes : technique, pédagogique, sociale, éthique.

Objectifs

L’objectif de cet atelier est d’amorcer une réflexion collective sur l’impact environnemental des EIAH et sur la manière d’aborder cette question dans les différentes activités d’ingénierie techno-pédagogique menées par les chercheurs et praticiens du domaine.
La thématique étant nouvelle, nous souhaitons créer un groupe de travail autour de la sobriété numérique des EIAH et plus globalement initier un nouvel axe de recherche en EIAH.

Problématique

La réalité du réchauffement climatique et plus généralement de la crise environnementale qui menace la vie sur terre (IPCC, s. d.) n’est plus remise en question aujourd’hui. On a tendance, face à cette crise, à considérer le numérique comme une solution, ou tout du moins une aide. Pour atténuer cette crise, on parle parfois de numérique éco-responsable, “green IT”, etc. Pourtant, le numérique est avant tout une partie du problème, quand on sait que, pour citer le chiffre le plus connu, il représente près de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Ferreboeuf & The Shift Project, s. d.), soit plus que l’aviation civile. Ainsi, la question de la sobriété, dont on a tant parlé suite à la crise énergétique, s’applique aussi au numérique, on parlera de sobriété numérique. Cette sobriété numérique est d’autant plus inévitable quand on sait que le poids écologique du numérique ne cesse de croître, par le développement continu des équipements et des services, par la complexification croissante de ces équipements, par la raréfactions des matériaux et l’augmentation du coût écologique (et social) de leur extraction.

Dans ce contexte, bon nombre de recherches en informatique, en ce qu’elles se projettent dans un futur qui en adopterait le fruit, semblent devoir inévitablement prendre en compte le contexte environnemental qui se dessine. Il en va de même pour les EIAH : comment y intégrer les contraintes de sobriété numérique? Si de manière globale, des chercheurs en informatique commencent à aborder cette question, notamment les chercheurs anglo-saxons (voir par exemple le workshop “Computing within limits”, ainsi que les approches d’éco-conception logicielle), il existe à notre connaissance très peu de travaux abordant la sobriété numérique dans le cadre des technologies numériques pour l’éducation (Py, 2017; Selwyn, 2021). L’enjeu est pourtant important : quelles solutions technologiques favoriser aujourd’hui, qui puissent satisfaire les contraintes écologiques? Comment (re)concevoir les environnements numériques d’apprentissage dans un contexte sobre? Dans un monde où les ressources deviendraient rares, quels EIAH envisager? Voilà quelques questions qui seront abordées dans cet atelier.

Déroulement

Cet atelier comporte deux parties (Atelier n° 5 le matin et atelier n° 11 l’après-midi). Le matin, quatre intervenants viendront partager leur expérience en lien avec la sobriété numérique, tandis que l’après-midi, plus pratique, sera consacrée à la sobriété numérique des EIAH à travers des études de cas.

Les organisateurs recommandent aux participants de s’inscrire aux deux ateliers, mais les deux parties peuvent être suivies indépendamment. S’il fallait faire un choix, nous recommandons aux participants qui découvrent plus ou moins la problématique de la sobriété numérique de s’inscrire préférentiellement au premier atelier, et aux autres, déjà bien sensibilisés, de s’inscrire au second.

Atelier du matin (numéro 5)

9h-9h10 : Introduction de l’atelier, et de l’atelier qui suit l’après-midi.
9h10-9h35 : Dominique Py, LIUM, Université du Mans
Titre : Impacts environnementaux du numérique
Résumé: L’explosion des usages du numérique a des impacts environnementaux importants. Au niveau mondial, le bilan carbone du numérique est comparable à celui de l’aviation. Nous verrons pourquoi ces impacts risquent d’augmenter encore dans les prochaines années, malgré les appels à développer un “numérique éco-responsable”, et comment le développement massif du numérique, loin d’être un outil pour atteindre les objectifs climatiques, contribue à aggraver la situation.
9h35-9h50: Nicolas Szilas, TECFA-FPSE, Université de Genève
Titre : Les défis de la sobriété numérique en contexte universitaire
Résumé : Convaincus que la recherche en EIAH, comme toute activité, doit aujourd’hui se penser en fonction des limites planétaires, nous avons entrepris, avant toute réflexion scientifique, d’examiner concrètement l’environnement physique dans lequel s’exercent ces recherches, à savoir notre université, pour rapidement se rendre compte que la question du numérique écologiquement responsable était quasiment ignorée, tout du moins dans les procédures et pratiques officielles. Après avoir interpellé notre université au plus haut niveau sur cette question, un groupe de travail s’est constitué, un mouvement s’est amorcé et quelques premières mesures ont pu être mises en place. Mais le chemin est encore long pour diminuer sensiblement l’impact environnemental de l’institution lié au numérique, encore plus long pour satisfaire les objectifs de neutralité carbone définis au niveau politique. Dans cette conférence, à travers le parcours déjà réalisé, nous analyserons, de manière plus générale, les grands obstacles qui freinent une transition rapide vers la sobriété numérique dans notre institution, et très certainement dans la plupart des établissements d’enseignement et de recherche.
9h50-10h : Pause
10h-10h25: Audrey Gélou, Costech, UTC
Titre : Expériences d’enseignement du cours Low-technicisation et numérique
Résumé: Partant du principe que l’informatique low-tech n’existe pas, la low-technicisation dans le domaine du numérique consiste à rendre des outils numériques plus soutenables (faire en sorte que l’on puisse construire, utiliser, réparer, détruire ces outils dans le respect des limites planétaires) et plus conviviaux (faire en sorte que l’on puisse choisir d’utiliser ces outils aussi souvent ou aussi rarement qu’on le désire). La low-technicisation implique donc à la fois de négocier le spectre fonctionnel d’outils numériques et de favoriser des innovations qui servent la redirection écologique. Formalisée à partir de 2021 par des enseignants-chercheurs de l’UTC, la low-technicisation est désormais enseignée aux étudiantes et étudiants ingénieurs de l’UTC. Dans cette conférence, nous présenterons les ancrages théoriques et les outils méthodologiques et réflexifs enseignés dans le cours “Low-technicisation et numérique”, ainsi que dans la formation en ligne “Lownum” animée sur la plateforme Librecours, dans le cadre de l’initiative UPLOAD portée par l’association Framasoft. Nous illustrerons cette présentation avec des exemples de projets de low-technicisation menés dans ces différents contextes pédagogiques.
10h25-10h50: Jean-Philippe Pernin
Titre : Enjeux de la sobriété pour les EIAH
10h50-11h : Pause
11h00-12h30: discussion générale

Atelier de l’après-midi (numéro 11)

14h-14h15 : Résumé de l’atelier du matin, introduction à l’atelier pratique
14h15-14h45 : Identification et discussion autour des représentations individuelles sur le changement climatique et ses répercussions sur l’usage et la conception des EIAH (débat)
14h45-16h00 : Analyse et reconception d’un EIAH existant à la lumière de la sobriété numérique (travail en sous-groupes)
16h-16h20 : Pause
16h20-17h : Restitution du travail de groupe (liste des préconisations produites et identification des problèmes de re-conception rencontrés)
17h-17h30 : Discussion générale (synthèse et perspectives)

Inscriptions

Les inscriptions pour les ateliers sont maintenant ouvertes et peuvent être effectuées ici: https://eiah2023.sciencesconf.org/registration 

L’inscription est proposée à un tarif de 60€ TTC qui inclut l’accès à un atelier le matin et un autre l’après-midi, le déjeuner et une pause pour cette journée, ainsi que l’accès à l’activité sociale du mardi soir (croisière en mer ou visite guidée à pied). Il est possible de ne s’inscrire qu’à cette journée.

Comité d’organisation

• Nicolas Szilas – TECFA-FPSE, Université de Genève, nicolas.szilas@unige.ch
• Dominique Py – LIUM, Université du Mans, dominique.py@univ-lemans.fr
• Djamileh Aminian – TECFA-FPSE, Université de Genève et Société e-teach, Djamileh.Aminian@unige.ch
• Gaëlle Molinari – TECFA-FPSE, Université de Genève et UniDistance, Gaelle.Molinari@unige.ch

Références

– Ferreboeuf, H., The Shift Project. (s. d.). LEAN ICT- POUR UNE SOBRIÉTÉ NUMÉRIQUE. https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2018/11/Rapport-final-v8-WEB.pdf
– IPCC. (s. d.). Consulté 19 janvier 2023, à l’adresse https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/
– Py, D. (2017). Informatique et limites de la planète : Quelles implications pour l’EIAH ? Environnements Informatiques d’Apprentissage Humain, 415‑417. https://hal.science/hal-02062019
– Selwyn, N. (2021). Ed-Tech Within Limits : Anticipating educational technology in times of environmental crisis. E-Learning and Digital Media, 18(5), 496‑510. https://doi.org/10.1177/20427530211022951

Ressources

Livres grand public sur l’impact environnemental du numérique

– Bihouix, P. (2014). L’Âge des low tech—Vers une civilisation techniquement soutenable. Seuil.
– Bordage, F. (2019). Sobriété numérique—Les clefs pour agir. Buchet Chastel.
– Courboulay, V. (2021). Vers un numérique responsable – Repensons notre dépendance aux technologies digitales. Actes Sud.
– Leonarduzzi, I. (2021). Réparer le futur – Du numérique à l’écologie. Éditions de l’observatoire.

Se former

Les fresques du numérique
Une formation de qualité pour comprendre les enjeux environnementaux du numérique, sous forme d’atelier d’une demi-journée.
Le MOOC de l’Institut du Numérique Responsable