Objectifs scientifiques

La science de la soutenabilité, qui étudie les menaces globales pesant sur le futur de l’humanité et de la planète (changement climatique, extinction de la biodiversité, épuisement des ressources), pose de nouveaux défis : comment concevoir aujourd’hui des environnements qui seront utilisables dans un contexte futur de raréfaction des ressources matérielles et énergétiques [1] ? Comment enseigner ces limites et transmettre les connaissances qui permettront de s’adapter à ce nouveau contexte ?

Des chercheurs en IHM se sont emparés récemment de ces questions pour mener des travaux interdisciplinaires autour de l’impact des limites écologiques, énergétiques et sociales sur l’informatique [2]. Dans un cadre théorique défini comme celui de « l’informatique dans des limites » (computing within limits), ils proposent de développer des systèmes utilisables dans un contexte de pénurie de ressources : ces systèmes seraient facilement accessibles, utiles à des besoins essentiels et robustes, c’est-à-dire réparables et adaptables. Des travaux proches visent au maintien d’un internet robuste et résilient, conçu pour assurer un service minimal malgré un réseau intermittent ou instable. D’autres démarches présentent des points communs avec cette approche. C’est le cas de l’innovation frugale, qui consiste à répondre à un besoin de la manière la plus simple et efficace possible en utilisant un minimum de moyens [3]. Le courant des « basses technologies » (low-tech) s’intéresse au développement de techniques simples, économes et robustes, comme alternative aux techniques sophistiquées non durables. La conception d’EIAH pour les pays en développement prend en compte des situations comparables (matériel disparate, intermittence des réseaux) pour proposer des environnements adaptés [4].

Cette problématique, en pleine émergence dans le monde académique anglo-saxon, suscite encore peu d’échos dans le monde francophone [5]. L’objectif de cet atelier est d’initier des échanges interdisciplinaires autour de ces thématiques, de dégager des questions de recherche communes et de constituer un réseau d’enseignants et de chercheurs en EIAH intéressés par ces questions. L’atelier permettra d’identifier un ou deux projets collaboratifs prioritaires à mener : par exemple, la définition d’une grille d’évaluation pour des EIAH low-tech ou frugaux, la rédaction d’un guide de conception ou encore la spécification de protocoles expérimentaux adaptés. Des échanges autour de l’enseignement des limites (retour d’expérience, supports pédagogiques) pourront également avoir lieu.

Références

[1] Pargman, D., Raghavan, B.: Rethinking Sustainability in Computing: From Buzzword to Non-negotiable Limits, in NordiCHI ’14, ACM (2014), Helsinki, Finland.

[2] Tomlinson, B., Silberman, M.S., Patterson, D.J., Pan, Y., Blevis, E.: Collapse informatics: Augmenting the sustainability & ICT4D discourse in HCI. Proc. SIGCHI Conference on Human Factors in Computing Systems, ACM (2012) 655–664

[3] Ahuja, S., Chan, Y. E.: The Enabling Role of IT in Frugal Innovation, Thirty Fifth International Conference on Information Systems, Auckland 2014.

[4] Le Bourgeois, Th., Bonnet, P., Edelin, C., Grard, P. : L’identification des adventices assistée par ordinateur avec IDAO, Innovations Agronomiques, INRA, 2008, no 3, 167-175.

[5] Py, D. : Informatique et limites de la planète : quelles implications pour l’EIAH ?, dans Environnements Informatiques d’Apprentissage Humain 2017, Strasbourg, France, 415-417.

 

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